Interview : David Kpelly, ses mots pour participer à l’éradication d’un mal qui nous ronge depuis plus de cinquante ans

David Kpelly

Auteur du recueil « Le Général ne vit pas d’amour », son 4è œuvre, l’écrivain, bloggeur et activiste togolais David Yao Kpelly, a accordé une interview à nos confrère du journal Maliba News. Dans cette interview, David parle du contenu de son nouveau  livre. Il parle de son combat et de sa vision du monde.

David Kpelly

Vous venez de sortir un nouveau livre, un recueil de nouvelles dont le titre est « Le Général ne vit pas d’amour ». Peut-on savoir donc de quoi vit le général ?

Merci à votre journal de cette opportunité. « Le général ne vit pas d’amour » est le titre d’une nouvelle, la quatrième et la plus longue, du recueil. C’est un texte qui décrit un bref retour au pays, le Togo, d’un jeune auteur togolais vivant en exil au Mali depuis six ans, et qui découvre sur place le tableau chaotique et alarmant qu’il a fui. « Le Général ne vit pas d’amour » est donc la maxime principale qui traverse tous les textes du recueil, où on se retrouve dans des situations où les personnages sont empêchés, soit par des corps habillés, soit par n’importe quel détenteur d’un pouvoir quelconque, de vivre en toute quiétude leur vie et leurs rêves.

Se retrouve-t-on donc, une fois de plus, en face d’un livre où David Kpelly peint un Togo sombre et apocalyptique ?

Vous savez, je pratique ce qu’on peut appeler une écriture réaliste. C’est-à-dire que je fais de la fiction, mais en m’inspirant beaucoup de la réalité. Et vous convenez avec moi que le pays que je connais le mieux au monde est le Togo. On ne peut donc pas, je pense, me faire un procès si chaque fois que je me mets à table pour écrire, c’est le Togo qui me vient en premier. Je ne tire aucun plaisir à noircir le Togo, j’écris ce que je vois.

Quand on parcourt les six nouvelles qui composent le livre, on retrouve des personnages désespérés ou mutilés ou même assassinés pour rien. Par exemple le mari de Vicencia, la jeune mère célibataire de la première nouvelle, qui a été tué étant étudiant, ou un jeune homme, dans la cinquième nouvelle, qui a été éborgné. Ce tableau d’apocalypse, est-ce vraiment le Togo d’aujourd’hui ?

Vous êtes très bien placé, étant journaliste, pour savoir que je n’exagère dans aucune de ces nouvelles, même s’il s’agit de textes de fiction. Je dois quand même rappeler que la cinquième nouvelle « Lettre à un frère éborgné », n’est pas de la fiction. C’est un drame qui s’est déroulé en septembre 2017 à Lomé. Les lecteurs comprendront quand ils auront lu le texte.

Vous assumez donc le titre d’« écrivain engagé » qu’on vous donne partout dans la presse et dans l’opinion ?

J’utilise mes mots pour participer à l’éradication d’un mal qui nous ronge depuis plus de cinquante ans : une dictature violente, stérile et effrontée. Je ne me leurre pas : ce ne sont pas mes articles et mes livres qui feront plier une dictature militaire où l’écrasante majorité ou même la quasi-totalité des ténors ne lit même pas. Mais je me dis que ce que je peux faire, entre autres, devant ce drame commun, c’est dire ce que je vois et pense. Et c’est ce que je fais.

Arrêterez-vous donc d’écrire quand le régime actuel, notamment Faure Gnassingbé, va quitter le pouvoir ?

Je n’ai pas décidé de devenir écrivain à cause du régime des Gnassingbé. Ils ne déterminent donc en rien ce que je fais ou ferai. Je continuerai d’écrire après eux. Et il n’y a rien qui dise que j’écrirai toujours contre des régimes quels qu’ils soient. La littérature est autre chose que cela.

Où peut-on trouver ce livre à Bamako, à Lomé ou ailleurs en Europe ou en Amérique ? Et à quel prix ?

A Lomé, le livre est disponible à la librairie des Editions Awoudy à Adidogomé au prix de 5 000 FCFA. A Bamako, il est dans plusieurs librairies dont la librairie des Editions La Sahélienne, La Librairie du Grand Hôtel Azalai… Pour les lecteurs sur les autres continents, le livre sera sur des sites de vente en ligne dans quelques semaines.

La rédaction de la CTS

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