Délali Zognrah : « Monsieur le président…veuillez nous dire concrètement votre vision pour le Togo »

Dans une missive qu’il lui a adressée, Délali Zognrah, un Togolais vivant aux Etats-unis a interpellé le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé sur plusieurs sujets d’actualité. Lire la lettre ici dans son intégralité.

« Monsieur le président, c’est avec intérêt que j’ai suivi votre discours à l’Assemblée nationale sur l’Etat de notre jeune nation le 26 avril dernier. L’exercice est certes à saluer mais je suis resté sur ma soif, en ce qui concerne le contenu de votre discours. Le problème, en gros, c’est qu’il y a tellement d’écart entre votre lecture de l’état de notre nation et les réalités du peuple togolais. A vous lire, j’ai l’impression que nous sommes dans des pays différents.

Excellence, au début de votre discours, vous avez rendu hommage à nos valeureux prédécesseurs. Vous nous demandiez, d’être fidèles à leur vision d’une grande nation. Vision d’une grande nation, oui. Mais cela fait 15 ans que vous êtes à la tête de ce pays, mais nous ne voyons pas votre vision à vous d’un Togo meilleur pour les générations à venir. Avec tout le respect inhérent à votre fonction, veuillez nous dire concrètement votre vision pour le Togo. De grâce, ne nous parlez pas du PND, et encore moins des autres projets comme la SCAPE le PUDC et autres éléphants blancs créés par votre entourage et vous, et dont les résultats ont abouti à des marches et autres manifestations politiques ces dernières années. Vous dites qu’aux générations futures, nous devons léguer paix, unité nationale, stabilité et prospérité. Que des mots ! Car des exemples de jeunes comme Folly Satchivi martyrisés et torturés dans vos prisons sont légions.

Lors de votre adresse sur l’Etat de la nation devant les députés, vous « honoriez » Gilchrist Olympio, vieux chef de file de l’opposition que vous sembliez vouloir mettre sur un pied d’estale. Tel un trophée de guerre, vous n’hésitez pas à l’exhiber en public. Excellence, vous et moi sommes d’une autre génération. Nous sommes de la même génération que Pascal Bodjona, Christian Trimua, Kako Nubukpo, Tikpi Atchadam et Francois Boko. Il est temps d’oublier votre trophée de guerre « Fo Gil » et autres bras cassés du passé et faire face aux nouveaux défis de la République. Si vous aspirez vraiment à une grande nation, il est temps de la construire avec notre génération.

Monsieur le président, tout n’est pas noir dans ce que vous faites. Au rang des choses qu’il faudrait saluer, se trouve votre  volonté d’améliorer le pouvoir d’achat des fonctionnaires à travers la revalorisation de la grille dès janvier 2020. C’est un geste significatif, même si les Togolais doivent encore faire face aux prix des produits pétroliers qui ont augmenté plusieurs fois en 1 an et le prix du courant électrique qui a aussi augmenté il y a quelques semaines, certainement dans le cadre du financement de votre plan national de développement. Monsieur le président, vous ne le savez pas (dans votre tour d’ivoire entouré par des gens qui vous empêchent de voir la réalité), mais le peuple souffre et peine à vivre chaque jours, pendant que cette minorité qui gravite autour de vous détourne, pille, brime, corrompt allègrement et satisfait à volonté et à profusion ses plus basses besognes. Peut-être le savez-vous. Vous en avez déjà parlé il y a quelques années, rappelez-vous.  Vous disiez « qu’une minorité s’accapare des richesses du pays ».

Votre mandat social est plus qu’un échec.

Autre chose, vos élus à qui vous demandez de porter vos messages à tous les foyers ne sauront le faire, parce que leur légitimité est contestée, de Lomé à Cinkassé. Vous dites que vos députés ont fait des réformes leur priorité, mais ils ont été élus en décembre 2018, et donc bientôt 5 mois sont déjà passés sans aucun avancement significatif sur le dossier. Comment pouvons-nous vous croire, quand on sait la rapidité (24heures) avec laquelle votre régime et vous aviez opéré des réformes pour vous permettre d’arriver au pouvoir en 2005, lors du décès de votre père, feu Général Gnassingbé Eyadéma. Vous l’avez si bien dit devant vos députés, que l’une des vertus de la République réside dans sa capacité à pouvoir évoluer et s’adapter à la volonté populaire. La volonté populaire, nous la connaissons tous. Feignez de l’ignorer. Permettez-moi, excellence, président de la République de vous rappeler ce vieil adage mandingue qui dit : « l’arbre que la tempête va renverser ne voit pas l’orage qui se prépare à l’horizon ». Il est encore temps de faire les choses comme il se  doit ».

 

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