Tribune : « Une politique de proximité ou de contradiction ? »

Les conseils des ministres tenus par le gouvernement à Tabligbo et à Kanté n’ont pas encore fini de défrayer la chronique. Journaux, acteurs politiques et leaders d’opinion continuent de se prononcer sur cette affaire. L’une des dernières personnes à se prononcer est Délali Zognrah, un membre de la diaspora togolaise vivant aux USA, diplômé en sciences politiques. Dans son analyse le natif de l’Avé n’a pas été tendre ni avec le pouvoir, ni avec la C14. Une belle analyse que nous vous proposons ici en lecture.

J’ai beau réfléchir sur la politique que mène les autorités politiques de mon pays, mais j’avoue que  n’arrive pas à trouver des explications logiques aux actions que le gouvernement togolais mène dans le cadre de sa politique dite de proximité. Il y a quelques jours, nous apprenons qu’un autre conseil des ministres a été organisé à l’intérieur du pays. Cette fois, c’est à Kanté, l’une des  villes  du nord du pays, ne disposant pas d’infrastructures de bases. On y trouve quelques écoles publiques (2 ou 3) et une petite unité de santé, pas d’hôtel digne pour  accueillir les visiteurs et, notez-le,  la ville et les villages environnants manquent d’eau potable.

Des informations auxquelles j’accorde du crédit disent que ce conseil délocalisé aurait coûté plusieurs millions, car ayant nécessité  l’installation de tentes du service traiteur, et tout ce qui va avec.  Combien cela a coûté ? 10 million, 20 millions ou 80 millions ? Je ne saurais le dire, mais il est certain que cela aura coûté plusieurs millions au contribuable. Et pourtant, Kanté tout comme plusieurs autres localités manque d’eau potable et d’infrastructures de base. Combien coûte un forage ? 300 à 600 000 FCFA. Cela veut tout simplement dire que l’argent qui a servi à organiser ce conseil à Kanté, pourrait permettre de doter la ville de plusieurs forage, construire un dispensaire, une école ou une piste rurale pour les populations de la localité. Mais au lieu de cela, on organise un festin sous des tentes au milieu de centaines de populations affamées. Et le gouvernement explique tout ceci par « la politique de proximité ».

Ce n’est pas seulement à Kanté que les choses sont ainsi. Chez moi dans l’Avé, à seulement 20 minutes de Lomé, la majorité des populations n’ont pas accès au courant et à l’eau potable. Chez moi, le gouvernement n’a pas encore organisé un conseil des ministres, mais il a choisi de lancer le projet d’une grande ferme qui n’a toujours pas vu le jour depuis plus de 5 ans. Sur le site à Badja, il n’y a actuellement que la première pierre qui a été posée.

Tout ceci se passe devant une opposition observatrice et complice par son silence. La Coalition des 14, elle, ne trouve rien à dire, si ce n’est  se quereller pour trouver celui qui sera leur candidat en 2020.  Messieurs les opposants,  une tente de plusieurs millions  pour un conseil des ministres dans un milieu où les gens n’ont pas accès à des soins de santé adéquats,  à l’éducation et à l’eau potable, pour moi n’est pas normal.  Mais pour l’habitant de la Kanté, le Président de la République connaît sa ville et sa région et il a même amené des véhicules médicalisés pour les soigner (2020 c’est bouclé).  Mais toi l’opposant qui va lui demander d’aller protester,  il te trouvera bizarre parce que la dernière fois que tu étais là, c’était quand tu as reçu les 75millions  pour ta campagne électorale il y a 5 ans.

En tout cas, je cherche toujours à comprendre  la logique qui guide les actions du gouvernement et de l’opposition. Que veulent-ils ? Comment réfléchissent-ils ?  Aidez-moi à comprendre.

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